mercredi 25 novembre 2009

(2)

Je ne crois pas qu'il m'ait jamais attendue. Mais il a toujours été là. Disponible. Accueillant ma colère et ma dévastation avec ce calme unique. je lui demandais parfois comment il arrivait à me supporter, à ne pas me haïr, puisqu'il m'aimait, de me faire tant de mal. La plupart du temps il éludait, ironisait doucement, m'enjoignait à ne pas m'en préoccuper trop. Une fois seulement il m'a répondu : tu es ma seule occasion de force.
Je soupçonnais sa bienveillance infaillible d'être teintée d'indifférence. Je l'en soupçonne encore. Je ne vois pas sinon comment un être d'évitement, un "déserteur", comme il disait, aurait été capable de faire face à ce que je lui jetais à la figure.
Un déserteur sédentaire qui ne sortait que rarement des chemins qu'il avait défrichés quand il se battait encore, quand il fuyait encore - dans son cas c'est presque la même chose. Il ne cherchait déjà plus rien de neuf que des nuances. Il acceptait de vieillir.
A présent que je suis si loin, que tout pour moi est enfin terminé, je le vois comme un point fixe dans la tempête. Le poncif l'aurait fait sourire, sans doute, mais c'est ce qu'il était : un phare indiquant la terre ferme. Une promesse de repos.

1 commentaire:

Rapide Sherpa a dit…

Et le chien, quand est-ce qu'il cause, le chien ?